mercredi 21 mars 2012

Article du Dauphine


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Il y a eu un peu à boire et à manger, à la réunion publique organisée hier soir à Meylan par le groupe de réflexion “Cap qualité de vie durable”, animé par Jacqueline Joannon et Jean-Pierre Jourdan. Comprenez : du bon et du moins bon. L’objectif était louable : éclairer la lanterne du profane sur les avantages et les inconvénients du transport par câble (ou tram aérien ou téléphérique), au lendemain même de l’annonce de la Métro de s’engager réellement sur une liaison par câble Grenoble-Vercors (notre édition d’hier).
But en partie atteint grâce à la démonstration de Pierre Jaussaud, éminent spécialiste de la question et président de l’association “Le chaînon manquant” qui milite pour le développement de ce type de transport, mais pas totalement neutre ni objectif sur le sujet puisqu’il a aussi sa propre société commerciale, “EF Câbles”, spécialisée dans les études sur les transports par câble.
Pour le novice, donc, les propos de Pierre Jaussaud furent assez convaincants même si un peu trop techniques. Si on résume et chiffres à l’appui : le transport par câble, c’est la solution la moins chère (investissement et fonctionnement), la plus pratique, la plus écologique. « Pour moi, la ligne de tram E (de Grenoble au Fontanil) reste incompréhensible », expliqua ainsi le conférencier.
Pierre Jaussaud sembla moins convaincant quand il fallut répondre aux questions des participants sur l’acceptation de ce transport par les habitants, sur la réalité des coûts complets ou l’intérêt de tel ou tel tracé. Et ce fut même le clash avec deux des promoteurs du projet de tram aérien Vizille-Échirolles, que M. Jaussaud avait qualifié de « mauvais » dans nos colonnes.
Enfin, pour parfaire cette impression, le débat s’achevait dans la cacophonie quand M me Joannon et M. Jourdan annonçaient que chacun poursuivait l’aventure de son côté avec sa propre association, “Cap qualité de vie 38” pour l’une, “Cap qualité de vie durable” pour l’autre, sans qu’on comprenne bien laquelle des deux était vraiment apolitique ! Une soirée mitigée qui se terminait donc en eau de boudin.

jeudi 8 mars 2012

“Tram aérien” : le projet Grenoble-Vercors tient la corde (Le Dauphiné Libéré)


Crédit : Le Dauphiné Libéré

Nul n’est prophète en son pays. L’agglomération grenobloise possède l’un des meilleurs spécialistes en matière de transports par câble (TC, essentiellement les téléphériques, mais il y a aussi les funiculaires), en la personne de Pierre Jaussaud (lire en Repères), et pourtant, le TC, autre que pour l’usage des remontées mécaniques dans les stations de ski, reste, en Isère comme ailleurs en France, une éternelle arlésienne Alors, c’est l’étranger qui fait appel à Pierre Jaussaud pour concrétiser des projets de TC : il revient juste du Québec où il a été choisi comme assistant à maître d’ouvrage pour deux projets de télécabine à Laval, dans la banlieue de Montréal. « J’ai deux préoccupations : l’environnement que je vais laisser à mes enfants, et l’état des finances que je vais leur léguer. Et dans les deux cas, on est mal barrés », explique Pierre Jaussaud. Qui rappelle au passage la teneur de la loi de Grenelle 1 : « On doit choisir les systèmes de transport les moins dommageables à l’environnement, et si on ne le fait pas, cela doit être justifié, notamment par une question de coût. Le tram aérien étant le mode de moins polluant et le moins cher, tous les élus devraient d’abord y penser avant de passer à autre chose. » Mais si les avantages du TC sont si évidents (lire par ailleurs), comment se fait-il qu’il ne trouve, en France, pas sa place auprès des trams et des bus ? « Un tram au sol, ça génère beaucoup de béton ; un tram aérien, très peu, répond notre spécialiste. Alors, une boîte comme Bouygues n’a aucun intérêt au développement du TC… »

 « La liaison Grenoble/ Vercors paraît vitale »

 Les téléphériques sont de véritables trams aériens à New York, Rio et Medellin (avec du matériel Poma), la Suisse compte 308 téléphériques faisant les liaisons entre les vallées et les massifs, mais, en France, quasiment rien. Alors, s’il fallait s’y mettre, par où commencerait-il, chez nous ? « La liaison Grenoble/Vercors paraît vitale : tous les jours, on totalise 450 000 km en voiture, soit 11 fois le tour de la terre, entre Grenoble et le Vercors. L’avantage d’un TC, ici, c’est qu’il intéresse la clientèle de travail, la semaine, comme celle des loisirs, le week-end : on est quasi-sûrs de sa réussite, d’autant qu’il y a un consensus, y compris de la population. » Coût total du projet : 180 millions d’euros (M€). Pierre Jaussaud, déjà conseiller technique pour des projets de TC à Stockholm, en Suède, est convié début mai à La Réunion pour plancher sur un projet de téléphérique. Le ministère des Transports de Tahiti vient également de le solliciter… tout comme celui d’Argentine. Nul n’est donc prophète en son pays. Sauf si les décideurs politiques isérois changent leur fusil d’épaule. Ce qui, sous la triple contrainte d’une énergie chère, de moyens financiers moindres et d’une nécessité de plus en plus impérative de préserver l’environnement, pourrait survenir assez rapidement.

Vincent Paulus